Challenge UPro-G – un métier disparu

En ce mois de mai, le thème du Challenge UPro-G et celui du généathème de Généatech se retrouvent sur le thème d’un métier disparu ou ancien.

Bon nombre de mes ancêtres bretons sont issus de lieux côtiers.

Certains exerçaient un métier difficile mais qui leur permettait d’en vivre.

Goémonier – définition

Un goémonier ou pigoulier est un pêcheur spécialisé dans la récolte des algues marines et plus précisément du goémon (wikipedia).

Le ramassage du goémon pouvait se faire sur la plage ou en remontant le goémon depuis la grève par un système de davier.

A quoi sert le goémon ?

Une fois ramassé, le goémon est mis à sécher.

Pendant longtemps le goémon a servi d’engrais agricole, le bétail fournissant le fumier étant rare.

Au XVIIe siècle, on découvre que les cendres de goémon contiennent de la soude, élément nécessaire à la fabrication du verre.

En 1811, un chimiste met en évidence l’iode, contenue dans les cendres d’algues. Ainsi le goémon passe de l’ère « agricole » à l’ère « industrielle ». La première usine d’iode voit le jour au Conquet en 1828.

Depuis, il est dans nos assiettes !!!

La vie de goémonier

Le goémon est un don de la providence aux Armoricains du Léon

Recteur de la paroisse de Saint-Mathieu
Georges Clairin : Les brûleuses de varech à la Pointe du Raz (1882)
2 daviers servant à la récolte du goémon depuis le bas de la falaise
2 daviers servant à la récolte du goémon depuis le bas de la falaise

Le goémon coûte beaucoup à ramasser, la côte est escarpée. Mais la récolte est libre et sa recette permet de couvrir les 3/4 des besoins en pain.

Selon l’ordonnance de 1681, le ramassage du goémon est réservé aux habitants des communes littorales, mais cette règle était contournée, comme l’explique Antoine Favé : «Un étranger [à la paroisse], louant un lopin de terre à six livres l’an, devenant par là  même riverain [de la mer] à Landunvez, y venant, pour la coupe, avec force chevaux et domestiques, et commettant l’injustice envers les habitants».

La déclaration du 30 octobre 1772 fixant des règles de ramassage réservé aux mois de janvier, février ou mars, appauvrit la population, car comme le dit le curé Brannelec, recteur de la paroisse de Landunvez :

1° parce qu’on ne peut en ce temps sécher le goémon qui se perd en deux ou trois jours si on ne le sèche.
2° parce que c’est le temps où les Armoriquains disposent leurs terres à être ensemencées. (…) Ils ne peuvent donc être alors à la grève.
3° parce que le mois de mars qui est le seul où l’on puisse sécher est aussi le mois ou les juments poulinent. Or il n’y a dans toutes les Armoriques presque que des juments. Il faudrait donc atteler des juments qui ont nouvellement pouliné ou sur le point de le faire au risque de perdre et les mères et les fruits par un charroi aussi difficile que précipité. (…)

Réponse du curé Brannelec après une enquête sur la mendicité en 1775

Les besoins de l’industrie étant en forte croissance, la récolte du goémon se professionnalise.
Les goémoniers sont chargés d’amener le goémon jusqu’à l’usine qui se charge ensuite du processus de séchage, brûlage et extraction de l’iode.

Le ramassage du goémon

le goémon « vif » ou goémon de roche adhérant aux rochers

le goémon « jet », mort, épave ou échoué.

Fait divers – Accident

Annexe : un accident chez les ramasseurs de goémons.
Le 17 février 1880, la baie de Porsliogan a été le théâtre d’un évènement qui a plongé une honnête famille dans le deuil. Le nommé Quellec, laboureur à Lochrist était allé dans la matinée ramasser du goémon-épave, en compagnie de sa fille  jeune et robuste personne âgée de 18 ans.
Les riverains qui se livrent à ce genre de travail, et ils sont nombreux sur la côte, ont la très mauvaise habitude de s’attacher autour du bras le lourd râteau qu’ils lancent à la mer pour ramener le goémon à terre.
On suppose que le râteau dont se servait Quellec a dû s’engager dans un énorme monceau de goémon qui a fait résistance et l’a par suite entraîné à la mer.
Sa fille en voulant  porter secours à son père a été enlevée par une lame car la mer dans cet endroit est terrible.
Le corps de la malheureuse a été retrouvé au pied de la roche du drame. Celui du père, à une faible distance de là. Il avait encore autour du bras un morceau de la corde qui le reliait au râteau.

le « Finistère »

Il s’agit de Jean-Michel QUELLEC fils de Armel et Marie Magdeleine KERMAIDIC (sosa 88 et 89) et sa fille Marie âgée de 16 ans.

Sources